Le petit chaperon rouge et les autres histoires de loups ne sont que des contes pour faire peur aux enfants ? Peut-être, mais pas que…
Au début de l’année 1751, un couple de loups mangeurs d’hommes a semé la panique à Ayron et ses environs. En l’espace de quelques semaines, ces attaques ont fait au moins 7 victimes identifiées sur les registres paroissiaux de l’époque.
Le 6 février à Béruges, Pierre Merle, dévoré par les loups dans les bois de l’Epine.
Le 8 avril à Ayron, Pierre Drifault, 14 ans, dévoré dans le bois de M. d’Ayron, tout proche du pont, par un loup « leuvrier »
Le 16 avril, à la Chapelle Montreuil, Charles Guinard, 10 ans, tué par une « beste »
Le 17 avril, toujours à la Chapelle Montreuil, Françoise Magnen 16 ans tuée par une « beste »
Le 24 avril à Latillé, Jacques Chenier, 13 ans, dévoré par une bête féroce à laquelle on n'a pu donner de nom
Le 28 avril à Ayron, René Martineau âgé de 16 ans, dévoré près de la Percerie,
Le 30 avril à Benassay, Jean Fradet, 10 ans, tué par la morsure d'une bête féroce
On imagine la peur panique qui a dû régner dans les environs pendant tout ce temps. Les croyances en tout genre sur le diable, les loups garous et autres sorcelleries ont dû se déchainer. Ces évènements dramatiques ont animé les discussions dans les chaumières durant des décennies.
La traque de la bête, qui a mobilisé toute les énergies durant des semaines, a fini par être fructueuse.
Selon le curé de Latillé, « la bête féroce a été détruite par les habitants de cette paroisse le 30 avril après avoir dévoré un enfant (Jean Fradet) qui est le 8e qu'elle a dévoré aux environs de cette paroisse dans l'espace de trois semaines. Cet animal ressemblait à un loup. Il a été porté à l'intendance de Poitiers ledit jour. »
Le curé de Champigny Le Sec, même si sa paroisse n’était pas concernée par les attaques, a également relaté les évènements dans son registre paroissial.
« Cette même année 1751, il y eut deux loups « élevretés », mâle et femelle, qui dévoraient les hommes. De ma connaissance, ils ont mangé 14 personnes aux environs de Latillé et d'Ayron. Cet animal est plus gros qu'un loup « mâtin », la tête plus grosse, le nez plus allongé, le poil plus gros et comme rouge, la queue beaucoup plus courte et plus garnie de poils que celle du loup ordinaire. Ces animaux étant plus élevés sur les pieds de derrière, avaient 7 pieds de hauteur. Ils ne dévoraient que les hommes et non les animaux. Ce sont les habitants de Latillé qui tuèrent le mâle en mangeant un jeune homme après plus d'un mois de chasse. On le porta à Mr l'intendant de Poitiers qui donna trois louis à ceux qui le tuèrent avec permission de le faire voir pour de l'argent dans toute la ville et la province. La femelle fut tuée dans la forêt de Montbeil par les habitants de Benassay. Les hurlements de cette espèce d'animal étaient différents de celui du loup « mâtin ». Voilà ce qui s'est passé dans cette province la présente année 1751. On n'osait sortir qu'étant bien armé. »
Au niveau national, ces évènements n’étaient pas exceptionnels. Les attaques d’une bande de loups ont fait par exemple 4 morts en juin 1751 près de Tours. Selon des chercheurs de l’université de Caen (http://www.unicaen.fr/), on peut recenser environ 3000 victimes d’attaques de ce genre du XVème au XIXème siècle. L’affaire la plus connue est-celle de la bête du Gévaudan qui aurait tué en Lozère 100 personnes de 1764 à 1767.
Nous tenons particulièrement à remercier Mme Gloria Godard qui nous a autorisés à publier ses recherches. Vous pouvez les retrouver sur le blog « Lulu la sorcière » en suivant le lien ci-dessous.